État des lieux de l’enseignement du français
Situation du français
L’article 2 de la Constitution Libanaise précise : « L’arabe est la langue nationale officielle, une loi spéciale déterminera les cas où il sera usage de la langue française ».
Il n’y eut jamais de loi speciale. Mais d’une part, une grande marge de liberte etait pratiquement laissee aux citoyens pour l’usage de la langue occidentale et d’autre part, dans le domaine de l’éducation l’article 10 de la constitution accordait la liberté totale de l’enseignement.
Actuellement, Le français est la première langue d’enseignement dans les établissements scolaires français ou libanais conventionnés ou homologués avec l’IFL. Les établissements francophones privés où la scolarisation coûte très cher, ont la réputation de bien enseigner également l’anglais, en deuxième langue étrangère. C’est pour cela les Libanais de classe moyenne ou aisée préfèrent scolariser leurs enfants dans ces établissements où ils seront de parfaits trilingues (arabe, français et anglais) mais dont la majorité choisira pour les études supérieures l’anglais dans des universités privées anglophones et se font distingués par leur richesse linguistique et culturelle et par leur esprit critique.
- Les statistiques du CRDP montrent que l’anglais gagne maintenant du terrain au Liban alors qu’il était presque inexistant il y a 50 ans. Ce constat ne nous inquiète pas dans la mesure où nous l’interprétons comme un signe de la vitalité linguistique des libanais polyglottes, amateurs dévoués des langues.
Date de soumission : 06/06/2015
LVE 1 (préciser) | LVE 2 (préciser) | LVE 3 (préciser) | LVE 4 (préciser) | Commentaires | |
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Primaire | 355 409 | 269 184 | Espagnol et l'italien | l'allemand | Le choix de la LV3 dépend de l’école privée qui offre à ses apprenants depuis le collège une LV3 qui peut être l’espagnol, l’allemand ou l’italien.Pas de chiffres pour LV3 |
secondaire | 190 831 | 128 294 | Espagnol +italien | Allemand | Les chiffres se rapprochent. |
Supérieur | 358628 | 62495 | Espagnol et Italien | allemand | Dans les universités privées le nombre des anglophones augmente parce que la majorité des étudiants choisit l’anglais pour se spécialiser au supérieur. |
LVE 1 (préciser) | LVE 2 (préciser) | LVE 3 (préciser) | LVE 4 (préciser) | Commentaires | |
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Primaire | 269 184 | Pas de chiffres | ---------- | ----------- | |
secondaire | 128 294 | ---------- | ------------- | -------- | |
Supérieur | 62495 | --------- | ------------- | ----------- | Au supérieur la langue académique est le français ou l’anglais. |
Préscolaire | Primaire (école de base) | Secondaire |
---|---|---|
96 384 | 259 025 | 190 831 |
Primaire et collège : 6 heures
Secondaire : Baccalauréat/ série scientifique : 2hrs
Baccalauréat/ série socio-économie : 4hrs
Baccalauréat/ série Humanité : 6hrs
Préscolaire | Primaire (école de base) | Secondaire |
---|---|---|
22 674 | 83 478 | 81 148 |
Préscolaire | Primaire (école de base) | Secondaire |
---|---|---|
73 574 | 175 213 | 109 515 |
L’article 2 de la Constitution Libanaise précise : «L’arabe est la langue nationale officielle, une loi spéciale déterminera les cas où il sera usage de la langue française». Il n’y eut jamais de loi spéciale. Mais d’une part, une grande marge de liberté était pratiquement laissée aux citoyens pour l’usage de la langue occidentale et d’autre part, dans le domaine de l’éducation l’article 10 de la constitution accordait la liberté totale de l’enseignement. Cette disposition libérale a permis la coexistence d’un secteur privé, avec des centaines d’établissements dont certains sont centenaires à côté d’un secteur public émergeant, dès avant l’Indépendance 1943. L’expérience libanaise semble assez exemplaire au niveau de la complémentarité entre les secteurs. Cette politique a donné lieu à une situation linguistique complexe. Le français est la première langue d’enseignement dans les établissements scolaires qui ont opté pour le français, première langue étrangère. Les établissements francophones privés où la scolarisation coûte très cher, ont la réputation de bien enseigner également l’anglais, en deuxième langue étrangère. C’est pour cela les Libanais de classe moyenne ou aisée préfèrent scolariser leurs enfants dans ces établissements où ils seront de parfaits trilingues (arabe, français et anglais) mais dont la majorité choisira pour les études supérieures l’anglais dans des universités privées anglophones et se font distingués par leur richesse linguistique et culturelle et par leur esprit critique.
- Les statistiques du CRDP (tableaux 1 et 2, ci-dessous) montrent que l’anglais gagne du terrain au Liban alors qu’il était presque inexistant il y a 50 ans. Ce constat n’est pas inquiétant pour nous dans la mesure où nous l’interprétons comme un signe de la vitalité linguistique des libanais polyglottes, amateurs dévoués des langues.
Tableau 1 : statistiques de 2013-2014(inédites) : effectifs des apprenants du et en français
Préscolaire Primaire Collège Secondaire Total
114395 259239 111889 66087 551610
Hors unrwa :
Préscolaire Primaire Collège Secondaire Total
114 226 258 915 111 723 66 087 550 951
Tableau 2 : statistiques de 2013-2014(inédites) : effectifs des apprenants du et en anglais
Préscolaire Primaire Collège Secondaire Total
94355 221684 87923 49472 453434
Hors unrwa :
Préscolaire Primaire Collège Secondaire Total
94 355 202 440 79 332 45 708 421835
- Une étude comparative, d’après le Livre du Ministère de l’Education Nationale et de l’Enseignement, montre que le pourcentage des établissements de l’enseignement général (avant l’université) qui ont opté pour l’anglais est en progression continue comme l’atteste le tableau ci-dessous :
Cette étude est caduque et fausse, car elle compare des chiffes d’avant 2009, n’incluant pas les enfants de l’UNRAWA, et d’après 2009, les incluant.
Si l’on veut se référer à une étude diachronique pertinente, il faut repprendre les chiffres excluant les enfants de l’unrwa.
Langue d’enseignement Le français L’Anglais Le français et l’anglais
2001-2002 59% 20,2% 20,8%
2004-2005 56,5% 21,7% 21,8%
2010-2011 51,6% 25,5% 22 ,9%
2011-2012 50,8% 25 ,7% 23,5%
2012-2013 50,1% 26,3% 22,6%
statistiques du bureau de Recherches du CRDP
Autre langue 1 (préciser) | Autre langue 2 (préciser) | Autre langue 3 (préciser) | Commentaires | |
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Primaire | L’arabe de scolarisation | L’anglais | Dans le contexte libanais plurilingue les langues coexistent dès le primaire | |
secondaire | l’arabe classique | L’ anglais | ||
Supérieur | Supérieur L’arabe classique | L’anglais |
Au niveau supérieur :les étudiants se dirigent vers l’anglais pour se spécialiser parce que l’anglais est plus lié au marché du travail et permet un rayonnement scientifique plus ample et une insertion professionnelle plus garantie dans les pays du Golf.
Désignation | Cycles (niveaux) | Nombre d’élèves |
---|---|---|
Enseignement public | Tous les cycles | 187300 |
Enseignement privé gratuit | Tous les cycles | 71279 |
Enseignement privé payant (hors UNRWA et réseau de | Tous les cycles | 231 901 |
Etablissements homologués- conventionnés par Le Mi | 55 122 | |
Universités francophones | 59855 étudiants |
Préscolaire | Primaire | Secondaire |
---|---|---|
114 226 | 258 915élémentaire+ 111 723 118 102 collège | 66 087 |
Intitulé du certificat | Effectif |
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B.T (Baccalauréat technique) | 6684 |
B.P (Brevet Technique) | 1700 |
Niveau | Nombre d’heures/semaine | Effectif |
---|---|---|
Préscolaire | 7 heures | 96930 |
Primaire +Collège | 6heures | 1 381152 |
Lycée | 3 heures | 96361 |
Niveau | Nombre d’heures/semaine | Effectif |
---|---|---|
Collège EB 7, 8, 9 | EB 7: 11hrs, EB 8 :12hrs,EB9:11hrs | 381152 |
Secondaire | Seconde : 9hrs | 696361 |
Primaire | Secondaire | Supérieur |
---|---|---|
8691 | 2731 | ESA:400,CNAM:3000 |
Désignation | Statut (public, privé, étranger) | Nombre d’élèves |
---|---|---|
L’école Allemande | Etranger privé | 172 |
L’école libano- Allemande | Etranger privé | 470 |
Francparler –oif.org
Apprendre et enseigner avecTV5
fipf.org
- facebook pour la communication et les informations rapides.
- Blog, forum, youtub
- Le contexte éducatif libanais est bilingue voire même trilingue. Trois codes y coexistent : l’arabe libanais, la langue maternelle des apprenants, l’arabe de scolarisation, arabe classique simplifié dans le contexte scolaire et le français ou l’anglais.
Primaire | Secondaire | Supérieur |
---|---|---|
11468 | 740 | 300 |
Le salaire d’un professeur de français au primaire est 600 dollars et au secondaire ne dépasse rarement 1000 dollars américains au début de sa carrière à la fin de sa carrière au primaire il arrive à 900 dollars au primaire et 1400 au secondaire..
-Autres licences sociologie, philosophie,géographie,psychologie . ..
10 Congrès nationaux au cours desquels des professeurs de tous les cycles ont animé des ateliers présentant des expériences souvent innovantes sur la lecture, l’écriture, l’audio-visuel, l’informatique, les arts. Et a pu réunir chaque fois 400 à 500 enseignants de tous les cycles.
1991. Première rencontre nationale. « Aider l’apprenant à s’exprimer »
1992. Premier congrès national. « Techniques d’écriture »
1993. Deuxième congrès national. « Lire »
1994. Troisième congrès national. « Créer un environnement francophone »
1995. Quatrième congrès national. « Le français, langue de l’actuel du vécu et des sciences. »
1996. Cinquième congrès national. « L’exploitation des documents audio-visuels en classe de langue et de littérature françaises. »
1998. Sixième congrès national. « Projets de lectures. »
2001. Septième congrès national. « Projets d’écritures »
2003. Huitième congrès national. « Le français autrement »
2004. Neuvième congrès national. « Multimedia et enseignement du français ». (Saïda et Beyrouth)
2005. Dixième congrès national. « Le français, langue d’enseignement des arts et des métiers ». (Zahlé et Beyrouth)
2010. 11e congrès national. « Le devenir du professeur de français » (B atroun et Beyrouth).
II. Colloques et congrès internationaux
1. Colloque Moyen-Oriental : mai 1995. (Adma, Liban) « L’enseignement en français ». Il s’est déroulé en présence du président de la FIPF, M. Raymond LELOCH et de la Secrétaire générale Mme Annie MONNERIE –GOARIN, des Présidents d’ associations et des professeurs de français des pays arabes. Au cours de ce colloque a été créée la Commission Monde Arabe( CMA) au sein de la FIPF comprenant l’Egypte, le Liban, le Maroc et la Tunisie.
2. Colloque Moyen oriental dans le cadre de la CMA : 16 et 17 octobre 2002 « Contribution de l’enseignement du français au dialogue des cultures dans les pays du Monde arabe ». Il s’est déroulé à Beyrouth en présence de la Secrétaire générale de la FIPF, Mme Martine DEFONTAINE. Des collègues libanais, marocains égyptiens et tunisiens ont présenté des interventions au cours de ce colloque.
3. Organisation du premier Congrès régional de la CMA. Mme SLIM-HOTEIT en a assumé la coordination. Le Congrès devait se dérouler à Beyrouth en octobre 2007. Il a été transféré au Caire à cause de la situation politique instable au Liban. Il a tenu ses assises du 6 au 9 décembre.
4. Organisation du 2e Congrès régional de la CMA « Le livre en français : production et portée ». Il s’est déroulé à Beyrouth du 4 au 7 décembre 2009.
L’ALEF a déjà organisé plusieurs formations lors de ses colloques et congrès portant sur des thèmes innovants et attractifs exemple : enseigner autrement, enseignement et multimédia, le devenir du professeur de français…
10 Congrès nationaux au cours desquels des professeurs de tous les cycles ont animé des ateliers présentant des expériences souvent innovantes sur la lecture, l’écriture, l’audio-visuel, l’informatique, les arts. Et apu réunir chaque fois 400 à 500 enseignants de tous les cycles.
1991. Première rencontre nationale. « Aider l’apprenant à s’exprimer »
1992. Premier congrès national. « Techniques d’écriture »
1993. Deuxième congrès national. « Lire »
1994. Troisième congrès national. « Créer un environnement francophone »
1995. Quatrième congrès national. « Le français, langue de l’actuel du vécu et des sciences. »
1996. Cinquième congrès national. « L’exploitation des documents audio-visuels en classe de langue et de littérature françaises. »
1998. Sixième congrès national. « Projets de lectures. »
2001. Septième congrès national. « Projets d’écritures »
2003. Huitième congrès national. « Le français autrement »
2004. Neuvième congrès national. « Multimedia et enseignement du français ». (Saïda et Beyrouth)
2005. Dixième congrès national. « Le français, langue d’enseignement des arts et des métiers ». (Zahlé et Beyrouth)
2010. 11e congrès national. « Le devenir du professeur de français » (B atroun et Beyrouth).
II. Colloques et congrès internationaux
1. Colloque Moyen-Oriental : mai 1995. (Adma, Liban) « L’enseignement en français ». Il s’est déroulé en présence du président de la FIPF, M. Raymond LELOCH et de la Secrétaire générale Mme Annie MONNERIE –GOARIN, des Présidents d’ associations et des professeurs de français des pays arabes. Au cours de ce colloque a été créée la Commission Monde Arabe( CMA) au sein de la FIPF comprenant l’Egypte, le Liban, le Maroc et la Tunisie.
2. Colloque Moyen oriental dans le cadre de la CMA : 16 et 17 octobre 2002 « Contribution de l’enseignement du français au dialogue des cultures dans les pays du Monde arabe ». Il s’est déroulé à Beyrouth en présence de la Secrétaire générale de la FIPF, Mme Martine DEFONTAINE. Des collègues libanais, marocains égyptiens et tunisiens ont présenté des interventions au cours de ce colloque.
3. Organisation du premier Congrès régional de la CMA. Mme SLIM-HOTEIT en a assumé la coordination. Le Congrès devait se dérouler à Beyrouth en octobre 2007. Il a été transféré au Caire à cause de la situation politique instable au Liban. Il a tenu ses assises du 6 au 9 décembre.
4. Organisation du 2e Congrès régional de la CMA « Le livre en français : production et portée ». Il s’est déroulé à Beyrouth du 4 au 7 décembre 2009.
Désignation | Effectifs année 1 | Année 2 | Année 3 | Année 4 et + |
---|---|---|---|---|
Ecoles Normales | selon les besoins | |||
Faculté de Pédagogie | 200 | 190 | 190 | 20 |
Faculté des Lettres | 700 | 250 | 250 | 20 |
Désignation | Effectifs année 1 | Année 2 | Année 3 | Année 4 et + |
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Département de Langue et Littératures fr | 700 | 300 | 300 | 40 |
Département Sciences du Langage | 75 | 50 | 35 | 25 |
Département de Traduction | 500 | 400 | 400 | 50 |
Désignation | Effectifs année 1 | Année 2 | Année 3 | Année 4 et + |
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Univ.francophones et/ou anglophones | Pas Pas de chiffres | ------------------- | ------------------ | ----------------- |
Uinv.francophones et /ou anglophones | Pas de chiffres | --------------------- | ---------------------- | -------------------- |
Univ.francophones et/ou anglophones | Pas de chiffres | ------------------- | ------------------ | ------------------ |
Économique |
Culturelle |
Démocratique |
Autres |
Ajoutons à cela que français est un outil de compréhension entre différents peuples appartenant à des espaces éloignés et cultures différentes.
A partir 1920, La Puissance mandataire s’emploiera à renforcer les institutions existantes et surtout à organiser l’enseignement officiel. La totalité des établissements officiels dispensaient un enseignement arabe – français alors qu’une partie seulement des établissements libres nationaux enseignaient l’anglais.
De plus, dès l’indépendance le Liban adoptera une politique linguistique et culturelle favorable à l’expansion des langues étrangères. Au moment de l’indépendance une part de la population libanaise avait souhaité que le français fût officiellement sanctionné par la constitution devant l’opposition de l’autre part, seul l’arabe fut déclaré langue officielle.
Le français est donc une langue séculaire implantée au Liban dès le XVIIème siècle bien avant le mandat français de 1920.Les étudiants la considèrent comme un atout, un plus qui les distingue. Langue de culture, de démocratie, de tolérance et d’altérité, langue professionnelle aussi, le français continue à intéresser la jeune génération, plurilingue en général. (Ilham slim-Hoteit, La francophonieau Liban, colloque de l’AMEF Oujda 2006, revue de l’Association Marocaine des Enseignants de français, 2007).Et comme le confirme le linguiste libanais francophone le Professeur Hayssam Kotob : « nous sommes étonnés de la résistance du français à tous les défis » « Le français est le fruit d’un dynamisme humain convaincu de sa raison d’être. […]Comme on peut le constater, au Liban, l’avènement de l’anglais constitue un plus pour les libanais et non pas un substitut du français » (Mais où le français cherche-t-il son dynamisme, Procedings of the International Conference on « The challenges of translation et Interpretation in the Third Millenium », pp 139-152)
- Le système éducatif libanais doit travailler davantage la formation linguistique des enseignants puisque le niveau linguistique des enseignants se répercute aussi sur l’enseignement des disciplines non linguistiques les DNL. D’autre part, il est nécessaire d’opter pour les méthodes actives, le travail de groupe, le changement du rôle de l’apprenant : de récepteur des informations à l’acteur actif et chercheur de ces informations qu’il analyse et critique.
- Encourager les clubs dans les écoles : artistique, social, sanitaire…de manière à consolider la solidarité chez les apprenants.
- L’enseignement du français souffre également des projets qui ne sont pas planifiés à long terme et qui se font au niveau du Ministère de l’Education et du CRDP où ils subissent malheureusement les changements de la politique sans qu’il y ait de suivi et de continuité. Nous pouvons parler dans ce cas de notre expérience personnelle dans le cadre de la didactique convergente, la DC ou la DNE le dispositif national de l’évaluation avec le Ministère de l’Education, projets, financés par l’OIF ou même le projet de l’OTI (objectifs terminal intégral) entrepris avec le CRDP et financé par la Banque mondiale sans aboutissement.
Madame l’attachée de Coopération Educative confirme que le renforcement des compétences linguistiques dans le système éducatif libanais est une priorité partagée par les responsables du ministère libanais. C’est pourquoi l’IF a développé des programmes de coopération visant au renforcement de ces compétences mises au service d’un enseignement du et en français de qualité. A titre d’exemple, avec les écoles francophones du secteur privé, le développement du label CELF qui est un label linguistique délivré par l’Ambassade de France aux établissements dont 75 % des professeurs de français sont titulaires du DELF B2 et 75% des professeurs en français sont titulaires du DELF B1 (tous cycles confondus). Dans le secteur public, l’Institut français du Liban collabore avec le Centre de Recherche et de Développement Pédagogiques pour consolider les compétences des formateurs de formateurs dans le domaine de la formation linguistique des enseignants. Madame Dandeville ajoute que la certification DELF/DALF touche tous les cycles de l’apprentissage et fait remarquer que les chiffres concernant le nombre d’étudiants qui ont passé le DELF à l’Université Libanaise, l’Université Publique, sont en hausse, 280 étudiants en 2012, 291 en 2013, et 325 en 2014.
Par ailleurs, afin de donner du sens aux apprentissages, l’Institut français du Liban met en œuvre en coopération avec le ministère libanais de l’Education et de l’enseignement supérieur, des programmes d’activités visant à développer l’environnement francophone en milieu scolaire. Ces activités, menées tout au long de l’année dans les établissements permettent aux élèves de pratiquer le français hors des cadres académiques souvent perçus comme rigides et les exposent à une langue française vivante et fonctionnelle.
2)Témoignage de Madame Sophie Salloum,Présidente de l’ALEF
Selon une expérience de 25 ans dans l’enseignement du français au complémentaire (collège), au secondaire (lycée) et à l’université, j’ai pu constater une évolution des connaissances acquises et de la pratique de la langue. Jusqu’à ce jour, le français est enseigné comme langue seconde dans les écoles francophones, mais les méthodes ont changé et c’est pour le mieux au collège.
Il faut distinguer deux périodes et deux programmes : l’ancien programme au complémentaire (collège) s’attachait à l’enseignement de la langue et comprenait également l’étude d’œuvres classiques (théâtre, nouvelle, roman). Au secondaire (seconde, première) c’est la littérature qui tenait la première place. Les élèves étaient initiés aux courants littéraires de la Renaissance au XXe siècle, à travers des œuvres majeures. En arrivant à l’université, ils avaient un solide bagage culturel.
A partir des années 8O, plusieurs écoles privées ont décidé d’introduire le programme du bac français en parallèle avec le bac libanais. Les résultats dans la maîtrise de l’oral et de l’écrit ont été très positifs ainsi que les résultats obtenus.
Le nouveau programme mis en place depuis 1997 a apporté des changements parfois bénéfiques au complémentaire.
Les textes authentiques ont été intégrés dans le curriculum et la grammaire des textes a remplacé la grammaire traditionnelle. Mais, le plus important, dans les écoles privées, est la formation des enseignants dans les nouvelles technologies : les TICE et plus récemment, le tableau alternatif. Par ailleurs, le débat acquiert une place de choix ainsi que les jeux éducatifs dont « Questions pour un champion ». Le programme met aussi l’accent sur l’interdisciplinarité. Tout cela vise à donner de l’enseignement du français une image plus dynamique et plus attrayante.
Au secondaire, la littérature a perdu sa place pour être remplacée par l’approche narratologique des textes. Les œuvres intégrales proposées se réduisent à une pièce classique et des romans modernes. L’histoire littéraire, bien que comprise dans le programme, est ignorée par beaucoup de professeurs. L’ajout du français en terminale n’a pas eu de résultats positifs, puisque le but visé est de préparer les élèves à l’examen officiel, selon le type de questions posées. En conséquence, à l’université, les étudiants en lettres françaises ont un maigre bagage culturel, ne maîtrisent pas la technique du commentaire composé ni de la dissertation, à l’exception de ceux qui ont suivi le programme du bac français. Mais, à la fin du cursus universitaire, ces lacunes sont comblées et les mémoires et les thèses en sont une preuve.
En définitive, le français, bien que concurrencé par l’anglais, garde une place importante, malgré le nombre de plus en plus grand d’écoles anglophones dans le secteur privé.
3) Témoignage de Mesdames Ilham Slim-Hoteit et Randa Naboulsi,
Etant enseignantes/formatrices des enseignants du français, nous pouvons dire que le secteur public souffre d’un manque à plusieurs niveaux : matériel, équipement, corps professoral, formation et suivi du terrain.
Nous proposons quelques pistes de remédiation:
- Améliorer sans distinction les qualités et les conditions de l’enseignement public de base : mesure préventive pour mettre fin à l’abandon scolaire.
- Elargir l’accueil dans le préscolaire pour faciliter la scolarisation de tous les enfants en âge.
- Prévoir un mécanisme de contrôle et de suivi pour établir l’enseignement obligatoire.
- Développer la structure pédagogique, surtout l’inspection pédagogique scolaire et la rendre plus efficace.
- Moderniser l’administration des écoles publiques : une bonne administration mène à un bon fonctionnement des établissements.
théâtre, CDI… mais surtout les moyens technologiques de communication: ordinateur, internet, LCD, tableau interactif (TBI)….
L’administration scolaire moderne fonctionne en étroite collaboration entre le chef d’établissement, les surveillants, les responsables administratifs… Par ailleurs, il est de grande importance de créer de nouveaux postes indispensables à la réussite de l’opération éducative au sein de l’établissement, à savoir, le conseiller pédagogique, le psychopédagogue, le conseiller d’orientation, de santé, le conseil de classe et même le conseil des parents.
4) Témoignage de Melle Christelle Hayek.
Aujourd’hui langue d’enseignement dans la – petite – majorité des établissements scolaires libanais, le français n’a pourtant pas un statut clair dans le pays. En effet, derrière cette apparente prédominance de la langue française au niveau de l’éducation, se cachent de nombreux volets qualitatifs.
En effet, si après quinze ans de scolarité en français les élèves libanais arrivent, pour la plupart, à l’université, avec un niveau A2/B1 en français selon le CECR et avec, dans leur tête, des représentations de langue étrangère concernant cette langue, cela est dû à deux raisons majeures. D’abord, ces élèves n’ont quasiment aucun contact avec cette langue en dehors des murs de leurs classes de et en français, donc aucune pratique de toute cette théorie si savamment transmise pendant les années d’école. Or, une langue que nous percevons d’une manière théorique ne peut nous sembler que foncièrement étrangère. Ensuite, ces élèves apprennent le français selon des moyens quelque peu « traumatisants », qui stigmatisent l’emploi – pourtant naturel, voire épanouissant – de la langue maternelle en classe de français et qui se permettent une correction continuelle, donc démoralisante, de la production orale. Ces moyens ont tout pour démotiver le plus assidu des apprenants.
Il serait donc souhaitable – voire vital pour le français – d’adapter quelque peu les méthodes préconisées dans les écoles, au Liban, pour l’enseignement des langues, dans le but de les rendre plus « naturelles », plus vivantes et, de là, plus crédibles et plus utiles aux yeux des élèves de cette génération pour qui le pragmatisme est une priorité.
Bibliographie :
-Bulletin annuel des statistiques 2011-2012, Département des statistiques au Centre National de Recherches et du Développement (CNRDP) ,2012.
-Bulletin annuel des statistiques 2012-2013, Département des statistiques au Centre National de Recherches et du Développement (CNRDP) ,2013.
-Bulletin annuel des statistiques 2013-2014, Département des statistiques au Centre National de Recherches et du Développement (CNRDP) ,2014.(A Paraitre).
Carole Forja, La francophonie dans l’enseignement scolaire au Liban, évolution de 2001 à 2014, Institut Français du Liban.
-Hassan DiAB &al, « Ala tariq al hadatha, khita, wamachari?, wamounjazat », (Sur la voie du développement, panification, projets et réalisation), Ministère de l’Education au Liban, Typopress, Décembre, 2013.
-Hayssam Kotob, « Mais où le français cherche-t-il son dynamisme, Procedings of the International Conference on « The challenges of translation et Interpretation in the Third Millenium », 2003,p p 139-152 ».
-Hassan KOUBEISSI, « El Nitham el teelimi fi louban », (le système éducatif au Liban), hakob57@hotmail.com, 2012.
-Hanan Minim &Charlote Hana, « Tatawer el mouachirat el tarbawia », (le développement des indices pédagogiques), de 2002 à 2010, CRDP, 2012.
-Ilham Slim-Hoteit, « Les problèmes de la francophonie au Liban », colloque de l’AMEF Oujda 2006, Actes du Colloque, pp87- 106.
-Guide des Ecoles de l’Enseignement Général au Liban, Centre National de Recherches et du Développement (CNRDP) ,2013.
-Guide des établissements scolaires français au Proche-Orient, AEFE, Agence pour l’enseignement français à l’étranger. mutualisation@glfl.edu.lb
NB:Enquête et rédaction: Professeures Ilham Slim-Hoteit et Randa Naboulsi.