L’Association Libanaise des Enseignants de Français (ALEF) a célébré la fête des Professeurs de/en Français le 25 novembre de 16 à 18 heures.
Étaient présent.e.s : Mme Sana Hammoud, représentante du Directeur Général du Ministère de l’Education et de l’enseignement Supérieur, M. Fadi Yarak, Mme Marie Buscail, Conseillère Culturelle à l’Ambassade de France, Mme Cynthia Eid, Présidente de la Fédération Internationale des Professeurs de français (FIPF), Mme Sylvie Lamy, Attachée de coopération Linguistique et Educative, M. Jean-Noël Baléo, Directeur Régional Moyen-Orient (AUF), Mme Mirande Sfeir-Khalaf, Responsable de projets à l’AUF, Mme Nada Gergess el-Rahi, Responsable du Centre de Ressources (CRDP), M. Richard Bossuet de Tv5monde, la Présidente de l’ALEF, Mme Sophie Nicolaïdès-Salloum et les membres du Bureau Central de l’ALEF Mmes Lama Arnaout-Tannir, Maha Huseini, Ghiwa Ghanem, Joséphine Akl, Hasna Bouharfouche, Odette Yanni, Hind Rif, Carine Bechara, Nada Mehdi-Sleiman, Ilham Slim-Hoteit et M. Habib Zorkot.
Nombreux spécialistes et responsables de la vie scolaire et universitaire étaient également au rendez-vous. Les étudiants et les élèves ont participé, en geste de reconnaissance, à la fête de leurs professeurs de/en français.
La cérémonie a débuté par l’accueil de la Présidente de l’ALEF : « Au nom de l’ALEF, je vous souhaite la bienvenue. Aujourd’hui, nous rendons hommage aux professeurs de français de par le monde et, spécialement, à nos collègues du Liban, ce pays qui vit la plus sombre période de son histoire.
Pourtant, les professeurs de français n’ont pas baissé les bras., ils ont persévéré dans l’accomplissement de leur mission s’adaptant, dans l’urgence, aux nouvelles méthodes de l’enseignement en ligne.
Notre association, soucieuse de les accompagner dans leur tâche, a proposé des formations sur l’emploi des outils numériques, l’enseignement en ligne, l’enseignement hybride, le théâtre en ligne, la classe inversée… Nous avons aussi pensé à des formations qui permettraient aux enseignants d’aider leurs élèves et leurs étudiants à participer aux concours organisés par l’ALEF. Pour briser la routine du quotidien, il était nécessaire de leur offrir une évasion vers d’autres mondes : le merveilleux, le théâtre, la poésie, la chanson… ces concours ont révélé des talents insoupçonnés de conteur, d’auteur dramatique, de poète, de compositeur, de musicien, d’acteur… et leur foi dans leur pays qui lutte vaillamment dans la tempête et l’espoir d’un avenir meilleur ».
M. Jean-Noël Baléo, Directeur Régional Moyen-Orient, AUF, a ensuite pris la parole en insistant sur l’importance de l’usage du numérique dans l’innovation pédagogique : « Dans ce contexte, l’AUF a placé le numérique au cœur de ses cinq priorités pour les quatre années à venir. Quels sont les facteurs qui incitent à apprendre le français au Liban ? Le premier facteur c’est l’offre éducative, la qualité et l’accessibilité de cette offre sur l’ensemble du système éducatif du primaire au secondaire à l’universitaire. Il y a aussi le facteur culturel général qui se rattache à la culture, au patrimoine et à la littérature. Mais aujourd’hui le français est une langue utilitaire, langue déterminante pour l’employabilité ici au Liban […].
Le français n’est pas en déclin, il est la cinquième langue mondiale, elle est pratiquée par plus de trois cent millions de locuteurs dont l’âge, en majorité, est inférieur à trente ans, c’est une langue des jeunes, langue utilitaire, langue d’employabilité, langue du numérique, d’échanges internationaux et d’échanges économiques…»
Mme Cynthia Eid, Présidente de la FIPF, a insisté dans son allocution sur le rôle du professeur de/en français dans la promotion et la diffusion de la langue française :
« En ces temps d’incertitude et de changement, il me fait chaud au cœur de voir combien vous, enseignantes et enseignants de Français du monde, vous êtes passionnés, engagés, et fiers de votre métier. Ce 25 novembre, nous sommes en fête, une fête mondiale où vous êtes mis à l’honneur, vous les hussards de la francophonie qui méritez toute notre reconnaissance et notre estime […]. Nous voyons dans vos activités, que vous avez saisi la crise de la pandémie avec ses solitudes, ses contraintes et ses impasses pour la transformer en opportunités vous rapprochant davantage de vos apprenantes et apprenants, favorisant une relation individualisée, autant que possible, avec chacune et chacun, dans une continuité pédagogique que vous voyez la plus proche de la normale[…]. Vous avez redoublé d’efforts et de créativités pédagogiques… vous vous êtes efforcés de créer de nouveaux environnements d’apprentissage pour vos apprenants et ce même quand l’accès à la technologie faisait défaut. Aujourd’hui au nom de la FIPF, je rends hommage à chacune et chacun d’entre vous, vous chers enseignantes et enseignants, solidaires avec plus d’un million de professeurs de français au service de 120.000.000 d’apprenantes et d’apprenants de/en français dans le monde. Donc, vous n’êtes pas isolés. Vous êtes une vraie Armada francophone qui avance dans un seul but, celui de promouvoir la langue française dans sa diversité et ses spécificités et qui fait entendre sa voix auprès des gouvernements de vos pays pour améliorer la situation de l’enseignement du français et des enseignants du français. Vous êtes les héros et les héroïnes de cette fête. Vive les enseignantes et enseignants de français et vive la francophonie plurielle dans un monde plurilingue qui s’accepte ».
Madame Marie Buscail, Conseillère de Coopération et d’Action Culturelle à l’Ambassade de France a pris ensuite la parole : « Vous, associations, vous professeurs de français, vous menez une action déterminante pour la francophonie au quotidien et nous essayons de vous soutenir à travers une panoplie d’actions, de formations, d’animations pédagogiques et c’est cette complémentarité de nos actions qui fait notre force, en tout cas, c’est ma conviction.
Je vais saisir l’occasion de cette rencontre pour rappeler ce que nous avons fait ensemble à travers ces deux années de Covid 19. Nous avons pris, avec vous, ce visage de l’innovation qui nous a été imposé. Toute l’action du Service de Coopération a été d’envisager de vous accompagner à travers nos réseaux (Label CELF, France Education) mais aussi à travers nos partenaires, les écoles homologuées, nous avons essayé d’introduire des pédagogies novatrices, des outils plus modernes, avec l’objectif de rendre l’enseignement du français plus attractif pour les jeunes […]. Une troisième action que nous avons développée en faveur de la qualité de l’enseignement, ces deux dernières années, ce sont les formations diplômantes, mises en place en 2021 en partenariat avec l’Université Libanaise et l’Université Saint Joseph, sur l’ingénierie pédagogique à distance et la formation à la neuroéducation… ». Pour terminer, Mme Buscail a mis l’accent sur trois projets : La formation sur les curricula de l’enseignement français, le cristeur Ed’innov et l’accompagnement humain après la pandémie, projet qui s’appuie sur les antennes de l’Institut Français dans les régions et l’arrivée de volontaires français début 2022.
Enfin, Mme Sanaa Hammoud a transmis aux assistants le message du Directeur Général du Ministère de l’Education et de l’Enseignement Supérieur, M. Fadi Yarak.
« Cette réunion est une réelle opportunité pour reconfirmer encore une fois que si le Liban est le cœur de la francophonie au Moyen-Orient, c’est à la formation académique et linguistique et aux compétences professionnelles et à l’investissement personnel quotidien de plusieurs générations de professeurs de français qu’il le doit. Comme vous le savez, notre système éducatif a été très impacté par la pandémie mondiale mais malgré cela on se tourne vers l’avenir, il ne faut pas que le Liban perde son plurilinguisme qui fait partie de son identité plurielle et contribue largement à l’attractivité des étudiants libanais par les employeurs.
Notre objectif est de renforcer le français à l’école. L’avenir de la francophonie au Liban repose sur une forte francophonie scolaire, sur les compétences, l’implication et le dévouement des enseignants de et en français».
Après l’ouverture c’est la table ronde : Modératrice : Mme Sophie Nicolaïdès-Salloum
En réponse à la première question, Mme Eid a proposé des projets collaboratifs entre les communautés éducatives du Liban et les communautés éducatives de monde.
Mme Gergess a fait part des projets futurs du CRDP. Pour favoriser le développement professionnel des professeurs, sont prévues des formations en ligne et en présentiel, accompagnées d’ateliers en plus des supports pour les enseignants.
M. Richard Bossuet affirme que, pour aider les professeurs à renforcer les méthodes nécessitées par l’enseignement en ligne, Tv5 a créé de nouveaux sites et des dispositifs gratuits. Les stratégies d’avenir reposent sur la capacité d’apprendre, de collaborer, de transformer sa manière d’enseigner et de transmettre son savoir-faire.
Nous remarquons que ces réponses mettent en relief l’aide qui peut être apportée aux professeurs de français pour une meilleure maîtrise de l’enseignement en « abstentiel ».
Les réponses à la deuxième question, posées par Mme Maha Husseini, ont mis l’accent sur les formations – formations à la technologie, à l’insertion du présentiel dans la classe virtuelle –, et les pratiques d’évaluation, selon Mme Eid.
Le CRDP a prévu des modules téléchargeables et innovants pour l’enseignement hybride accompagnés d’activités également innovantes, l’usage de la plate-forme Microsoft Teams pour l’enseignement synchrone et asynchrone.
Pour sa part, Tv5 offre de nombreuses ressources et des dispositifs à utiliser à distance et à évaluer. Les ressources ont été améliorées pour créer des webinaires destinés aux enseignants en classe hybride. Un centre d’aide pour chaque webinaire après formation répond aux questions éventuelles. Le suivi est aussi pris en compte.
Les réponses à la troisième question ont traité l’état psychologique de l’enseignant, de l’apprenant et leurs relations.
Pour Mme Eid, une relation saine passe par l’empathie, par des projets de groupe pour libérer la parole, moyen de guérir les maux du pays. Il est aussi important de développer les compétences comportementales. Une éducation inclusive (grouper garçons/filles, apprenants de classes sociales différentes, de différentes nationalités) est à conseiller. Enfin, l’apprentissage ne doit pas être cloisonné : l’apprenant forme un tout complémentaire composé d’un cerveau, d’un cœur et d’un corps.
Le CRDP se soucie également de l’état psychologique de l’enseignant et propose un encadrement psychologique et social par le biais d’ateliers. Sont aussi prévues des modules digitalisés destinés aux enseignants de plusieurs matières (EB1/EB6). Une importance est aussi accordée à l’école inclusive et à la pédagogie différenciée.
Selon M. Bossuet, Tv5 a mis en place des dispositifs pour resserrer les relations entre les apprenants et les enseignants qui tiennent à suivre les acquis de leurs élèves. Pour ce faire, ont été créés en ligne différents exercices mis à la disposition des apprenants, ce qui permet à l’enseignant de vérifier les progrès ou les lacunes des élèves.
Les réponses à la troisième question révèlent la nécessité de veiller au bien-être psychologique du professeur et à recréer par tous les moyens possibles les liens entre les enseignants et les apprenants, liens rompus par le confinement.
Ont suivi après la table ronde les témoignages d’élèves et d’étudiants sur les aspects positifs du confinement et le podcast de recueillement de témoignages de membres de l’équipe pédagogique (interview du personnel enseignant, professeurs, responsables de la vie scolaire.
Synthèse et clôture
La synthèse a fait le bilan des différentes séquences de cette fête.
Cette journée s’achève sur un bilan du passé et les perspectives d’avenir.
Les témoignages des élèves et des étudiantes ont révélé les points positifs du confinement : maîtrise des nouveaux outils technologiques, nouveauté des activités en ligne, expression plus libre, resserrement des liens familiaux et surtout, autonomie de l’apprenant.
Les témoignages des enseignantes et des responsables interrogées ont mis en relief les expériences vécues et effectives : maîtrise des outils technologiques qui ont permis de sauver l’année scolaire ; découverte de nouvelles applications ; des méthodes pour maintenir l’attention des apprenants et une présentation attrayante et accessible, méthodes qui développent l’autonomie et la responsabilité des élèves et des étudiants. Une place importante a été accordée à la coopération avec les parents.
Quelques retours :
- Je félicite tous les enseignants de français à l'occasion de la journée internationale des professeurs de français.
Cette journée que nous attendons chaque année avec la même chaleur, cette journée qui non seulement nous valorise en personne mais aussi qui valorise nos compétences en donnant du sens à tout ce que nous élaborons dans notre mission.
Voir toute une communauté assez qualifiée se mobiliser pour promouvoir la langue française, réjouit le cœur parce qu'on se sent soutenu et accompagné.
Dans cet esprit, je salue les efforts de l'association ALEF déployés (formations et activités) pour faire face à tous les défis qui préoccupent l'enseignant de français surtout en ces moments de crises économique et sanitaire ».
Le webinaire du 25 Novembre était, en tout, pédagogique par excellence, riche et diversifié ! (Mme Leila El-Sayed Houssein).
- « Ce webinaire était vraiment marquant par son organisation, le professionnalisme des intervenants et le choix des sujets ». (Mme Hanane Abou Nasreddine).
- « Les trois C : cerveau, cœur et corps, comme l’a si bien dit Mme la Présidente Cynthia Eid, ont contribué à la réussite de la 3ème édition de la JIPF, organisée par notre association ALEF » (Mme Joséphine AKl).
Secrétaire Générale de l’ALEF
Ilham Slim-Hoteit